En voilà une question fondamentale ! C’était également le thème de l’émission de France Inter « services publics » à laquelle nous avons participé à l’occasion de la Saint Valentin. Pour ceux qui ne nous ont pas suivi en direct (ouh les vilains), voici un petit résumé des éléments qui sont ressortis des discussions avec les autres intervenants.
Le constat : les rencontres par affinités semblent avoir la côte
Surfant sur l’immense succès rencontré par Meetic depuis plus de dix ans, plus de 2000 sites de rencontres existent aujourd’hui en France, aux thèmes toujours plus pointus pour espérer se différencier de la concurrence. Statut social, confessions religieuses, partis politiques, végétarien, situation de handicap, amateurs de vélo,…il en pousse comme des champignons ! Si tous ne rencontrent pas le succès espéré (en réalité seuls quelques dizaines de sites parviennent à tirer leur épingle du jeu), ils partent tous du postulat que plus on a de points communs et de partage de valeurs, plus la rencontre serait aisée et la compatibilité forte. (ou de façon synonyme sans des affinités religieuses, politiques ou les mêmes centres d’intérêts, le couple aurait moins de chance de tenir…)
C’est également ce postulat très discutable qui dirige les « algorithmes de l’amour » qu’utilisent les sites de matching (Parship, Meetic Affinity, etc.). En comparant les résultats à des questionnaires, ces algorithmes (comprendre séries d’instructions, un peu comme une recette de cuisine) apparient les personnes qui ont des résultats proches. Mais puisqu’à priori les données de formation de couple ne sont pas récupérées par la plateforme, rien ne prouve que les recommandations qui sont faites sont de meilleures qualité que l’aléatoire ou que la recommandation de profils à priori que tout oppose ! (au passage si la donnée des couples formées étaient à disposition, la logique voudrait d’ailleurs de partir de ces données pour « apprendre » le bon algorithme mais ça c’est un débat de mathématiques !)
Pourtant beaucoup de témoignage de couples que tout opposent
L’émission a été ponctuée de témoignage de couples qui s’insurgeaient contre cette tyrannie des points communs et nous expliquaient que malgré leurs énormes différences, cela faisait 30 ans qu’ils étaient mariés. Mieux : ce sont exactement ces différences qui font que le coup de foudre a eu lieu et que le couple dure si longtemps. Entre autres explications évoquées :
- Avant la rencontre, l’envie d’être projetée dans un monde différent de celui qu’on a toujours connu a un pouvoir érogène aussi fort que des vacances au bout du monde !
- Les différences de points de vu suscitent des débats à table et des discussions, même après 30 ans de mariage
- Les différences de centre d’intérêt font que chacun conserve une part d’indépendance et d’autonomie, indispensable au bon équilibre d’un couple
Deux être différents parviennent à compléter mutuellement les forces et faiblesses de chacun. Pragmatique, un monsieur plutôt timide expliquait apprécier que sa femme plus extravertie passe les coups de téléphone !
Il découle de ces témoignages que la complémentarité peut être bien plus fédératrice que des points communs. D’ailleurs en économie, les meilleures innovations sont souvent le résultat de la rencontre entre deux univers très différents, l’un nourrissant l’autre (ex : le yaourt au bifidus actif, mélange entre nourriture et sphère médical !)
Où se situe la vérité dans tout ça ?
Comme souvent, ni dans un extrême ni dans l’autre mais plutôt dans un équilibre entre valeurs partagées et opposition complète sur d’autres aspects. Mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les valeurs communes indispensables ne sont pas forcément la religion ou la politique. Si pour les uns une différence sur ces points rendront l’union impossible, pour d’autres cela ne pose aucun problème par contre il leur sera inconcevable de se mettre avec une personne qui déteste le ski alors qu’eux-mêmes partent 15 jours chaque année !
La morale qui a conclu l’émission est qu’il ne faut pas s’enfermer dans trop de critères quand on recherche une moitié (que ce soit en ligne ou dans la vie réelle). D’ailleurs d’expérience un « cerveau gauche » créatif va très bien avec un « cerveau droit » analytique.
Alors ce soir changez les critères de recherche de votre moteur site de rencontre favori et partez à l’aventure !